Publié le 12/03/2025 Temps de lecture : 6 min
Chaque année, les Journées Européennes des Métiers d’Art (JEMA) mettent à l’honneur le patrimoine artisanal et les savoir-faire d’exception à travers toute l’Europe. Ateliers, démonstrations, rencontres avec des professionnels permettent aux visiteurs de mieux comprendre les techniques et les enjeux liés à la préservation de ces métiers parfois ancestraux. Sur le Roannais, de nombreux artisans nous partagent leur amour de la création. Parmi eux, Charlotte Vernay, qui nous a reçus dans son atelier-poterie « Au grés des flammes » à Perreux. Découvrons ensemble son métier…
Présentation
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Je m’appelle Charlotte Vernay. J’ai commencé la poterie très jeune, quand j’étais au collège. J’avais des cours de poterie toutes les semaines, en club. J’ai aussi fait des stages chez des potiers où j’ai appris le tournage. C’est le tour qui m’a vraiment plu. Après la troisième j’ai voulu faire un CAP, mais on m’a fortement conseillé de passer mon bac, donc j’ai fait un bac S. Ensuite, j’ai fait un CAP tournage, je l’ai passé en un an puisque j’avais déjà le bac. Cette année-là, j’ai été meilleure apprentie de France en tournage. Ensuite, j’ai continué avec un bac pro (brevet des métiers d’art) en poterie. J’ai poursuivi avec un BTS concepteur en art et industrie céramique. Dans la foulée, je me suis installée en octobre 2011 à Perreux.
Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce métier ?
Dans un premier temps, les cours auxquels j’ai participé étant jeune m’ont beaucoup plu. Ensuite, le potier chez qui je faisais des stages m’a encouragé, car je me débrouillais très bien. J’ai toujours été manuelle et j’ai toujours aimé créer. J’avais trouvé la matière qui me convenait.
Pouvez-vous nous décrire votre métier et les savoir-faire qu’il implique ?
La poterie est un art très varié parce qu’il y a différentes terres. Il faut faire son choix de matière. Pour moi, c’est le grès. C’est une terre qui cuit, sa deuxième cuisson est à 1280 °, ce qui permet que la terre soit vitrifiée. Elle est plus poreuse. Elle peut passer au lave-vaisselle, c’est l’avantage. Ça cuit très haut, donc ça consomme plus. J’utilise le tour (pour faire les verres, les bols, les saladiers…). Il y a aussi le travail à la plaque (pour les plats à cake et autres plats). Au niveau des décors, j’aime beaucoup utiliser des tampons (soit des tampons que j’achète ou que je fabrique).
Quelles sont les étapes clés de votre processus de création ?
Pour le tournage :
- On tourne,
- Laisser le temps à la pièce de sécher,
- Le tournasage, ce qui permet d’enlever les petits défauts au niveau du pied ou de reprendre un peu la forme,
- Long temps de séchage,
- Première cuisson (qui s’appelle le dégourdi) à 980°. Il faut compter 8-9h de cuisson,
- Le refroidissement du four,
- L’émaillage (pose d’émail, ce qui va faire la couleur et la brillance),
- Cuisson à 1280°.
Avenir des métiers d’art
Y a-t-il un savoir-faire particulier que vous aimeriez transmettre aux nouvelles générations ?
Le tournage. C’est ce qu’il y a de plus sympa. Quand les jeunes viennent pour des cours, je leur fais faire du tour.
À savoir : Charlotte Vernay propose des cours de poterie sur demande. À partir de 7 ans, enfants et adultes, tout au long de l’année.
Selon vous, comment peut-on mieux valoriser et préserver les métiers d’art ?
En faisant travailler les artisans. Les pièces ont un coût, mais c’est fait de nos mains, il y a un savoir-faire derrière. Cela prend en compte les matières premières, les énergies, notre temps, nos essais. Ce sont des objets qui durent dans le temps, qui sont utiles et surtout uniques. Les objets ont une histoire.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer dans votre métier (ou autre artisanat) ?
Faire des stages pour voir vraiment si cela plait, puis des formations. Certaines personnes peuvent ne pas aimer le toucher ou n’arriveront pas à tourner. Il y en a qui peuvent avoir un déclic, c’est évident, et d’autres qui ne sont pas faits pour ça…
Quels sont vos ambitions pour votre atelier ?
Perdurer. Il y a toujours une remise en question, savoir si ça va fonctionner comme on le souhaiterait… Nous sommes dépendants de la conjoncture.
Les Journées Européennes des Métiers d’Art
Qu’allez-vous proposer au public lors de cet événement ?
Je serai présente à la 34e Exposition d’Arts Plastiques à Mably (Espace de la Tour) du 29 mars au 6 avril. Je suis l’invitée d’honneur. Le mercredi 2 avril, je proposerai un atelier pour les enfants. Je travaillerai également la terre sur place.
Selon vous, quelle importance ont ces journées pour les métiers d’art ?
Faire découvrir différents métiers d’art. Cela peut être simplement par curiosité, mais aussi pour montrer aux jeunes des métiers auxquels ils ne pensent pas forcément pour plus tard.
Expérience personnelle
Y a-t-il une œuvre ou une réalisation dont vous êtes particulièrement fière ?
Pas en particulier. C’est plus une satisfaction quand j’essaie une nouvelle collection. Je change régulièrement de style. En ce moment, je propose des créations avec des pissenlits, mais aussi des bols japonisants.
Si vous deviez décrire votre métier en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?
Passion, patience et qualité de vie.
Allez à la rencontre de Charlotte Vernay, dans son atelier-boutique Au Grès des Flammes à Perreux. C’est avec plaisir qu’elle partagera avec vous sa passion et vous fera découvrir ses jolies pièces.
Bon à savoir : retrouvez une partie de la collection de Charlotte à la boutique de créatrices Ribambelle à Roanne, mais aussi à l’Office de Tourisme de Roanne.
