Publié le 21/06/2023 Temps de lecture : 7 min
L’expression « tiers-lieu » a été inventée en 1989 par un sociologue américain qui le définit comme un espace entre la maison et le travail, qui rassemble les gens. Depuis 2018, ce phénomène s’accélère. À ce jour, nous en comptons environ 3 500 en France contre 1 800 en 2018. Cette expansion est due à la profonde transformation de notre société : l’accroissement du télétravail, la préservation des ressources ou encore la transition écologique. Le Roannais compte six tiers-lieux qui répondent aux différents besoins des locaux.
Qu’est-ce qu’un tiers-lieu ?
Les tiers-lieux sont des espaces pour œuvrer ensemble : coworking, atelier partagé, fablab, garage solidaire, maison de services au public…
Les tiers-lieux sont les nouveaux lieux du lien social, de l’émancipation et des initiatives collectives. Ils se sont développés sur tout le territoire grâce à l’utilisation du numérique.
Chaque lieu a ses particularités, son fonctionnement, son mode de financement, sa communauté. Mais ils permettent tous des rencontres informelles et des interactions sociales, encourageant la créativité et les projets collaboratifs.
Rencontre avec Emmanuelle Barbelin, cogérante de la pépinière Ammelo
La pépinière Ammelo, situé à Saint-Just-en-Chevalet, a ouvert ses portes en juin 2022. Elle propose des locaux professionnels de type bureaux, 6 au total, et une salle de réunion. Les porteurs de projets peuvent louer les locaux de façon classique avec un bail ou de façon ponctuelle à la demi-journée, la journée ou à la semaine. À ce jour, après un an de fonctionnement, Ammelo compte 25 professionnels utilisateurs réguliers.
Comment définissez-vous votre tiers-lieu ?
Chez nous, il s’agit d’un lieu dans lequel les porteurs de projets se croisent avec les usagers pour partager des idées, des pratiques, des points de vue et surtout un bon moment de lien social et de convivialité ! Faire se croiser les besoins et les acteurs qui vont pouvoir œuvrer à faire en sorte de réaliser ces actions attendues par le public.
Il s’agit d’un lieu où on ose, on tente, on essaie et on voit si c’est possible.
Ce lieu permet ainsi de faire germer les idées et les projets au service du public et des porteurs de projets. C’est un lieu d’échanges tous azimuts ou au contraire très structurés et même professionnels. Une association permet l’administration de ce lieu pour ce qui concerne les activités collectives (jeux d’échecs, cours de dessin, de soutien scolaire, d’automassage…). Pour ce qui est de l’utilisation des locaux mutualisés ou pas (6 bureaux et une salle de réunion/formation), il s’agit d’un projet privé porté par 2 jeunes femmes dynamiques et volontaires pour une vision de travail en équipe et collaboratif facilitant les prises d’initiatives des différents porteurs de projets.
Quels sont les avantages d’une telle structure ?
Les avantages sont nombreux. La mutualisation permet une utilisation en fonction de l’usage et du temps d’utilisation. Seuls les moments de prise de rendez-vous sont à payer en termes de loyer. Ainsi le porteur de projet devient utilisateur/payeur. Les temps de non-utilisation ne sont donc pas facturés. Les porteurs de projets sont plus nombreux à se croiser et peuvent échanger. La synergie est favorisée, la rupture de l’isolement de chacun d’entre eux stimule et est un facteur favorisant de sécurité, d’assurance et de complémentarité.
Le lien social est primordial pour chacun d’entre nous et dans le monde professionnel et associatif il est indispensable. La cuisine est un lieu très fréquenté de tous et permet la créativité, l’expression du plaisir de se rencontrer, de s’encourager, de partager les difficultés comme les réussites. Un lieu refait à neuf avec des espaces qui permettent un accès pour les personnes à mobilité réduite. Une utilisation à la carte et personnalisée par les propriétaires permet une adaptabilité pour tous les utilisateurs. Les loyers sont très accessibles.
Rencontre avec l’équipe de l’impasse du bout du monde
Marius Dissat, originaire de Haute-Savoie et Lavinia Gavrilovici, originaire d’Autriche ont ouvert l’Impasse du bout du monde en avril 2022 à Saint-Jean-Saint-Maurice-sur-Loire. Ils habitent sur place et composent, à ce jour, une équipe de 6 personnes. Leur souhait : mettre en place une vision collégiale des prises de décisions. Depuis l’ouverture, une quarantaine d’artistes ont profité des prestations du tiers-lieu. Ils organisent des événements comme des concerts, festivals…
Que proposez-vous au sein de votre structure ?
Nous proposons des activités gastronomico-culturelles tournées autour de la distillerie Vert de Cœur et de notre centre culturel L’Impasse. Au sein de notre structure, nous organisons des résidences courte ou longue durée de tout type d’artistes, mais plus précisément les musiciens. Nous avons une scène, une salle de répétition et bientôt un studio d’enregistrement, mais aussi des hébergements ainsi qu’un salon de tatouage qui fonctionne en résidence. Nous avons aussi ouvert à la privatisation pour les autres associations et entreprises de la région.
À qui s’adresse votre structure ?
Nous faisons attention que nos évènements soient accessibles à la plus grande majorité de personnes de 9 à 99 ans.
Quel avenir pour votre tiers-lieu ?
Nous désirons faire notre place comme un espace de création pour tous les artistes. Que ce soit des musiciens, des peintres, ou des chefs de cuisines. Nous avons aussi l’ambition de proposer notre structure pour les internationaux. N’étant originaire de la région, nos contacts viennent de toute la planète et apportent du renouveau culturel pour la région.
Rencontre avec Clara Sicard du Sténopé Aquatique
Ouvert en 2022 à Saint-Just-en-Chevalet, le tiers-lieu du Sténopé Aquatique se compose d’un café associatif, de résidences artistiques, d’un futur gîte associatif, d’une mini-médiathèque et d’espaces extérieurs tournés vers la nature. Il fonctionne avec deux membres fondateurs en collégiale et avec un collectif de 16 personnes.
Leur souhait : Faire vivre ce café associatif comme un 3e lieu, en dehors de la maison et du travail, dédié aux relations sociales. Et quoi de mieux qu’un café pur cela ? On y vient pour se désaltérer, lire le journal, s’abriter de la pluie, patienter entre deux rendez-vous, mais au-delà de cette réalité prosaïque, les bars sont des lieux de sociabilité très importants.
Que proposez-vous au sein de votre structure ?
Nous proposons des événements : spectacles, cinéma, conférences, des formations, des activités : ateliers de créations et autres, des expositions… Nous proposons aussi des temps sans activités, des temps libres nécessaires qui laissent place aux rencontres et aux discussions informelles qui forment la vie de café… et de tiers-lieu ! La programmation est visible sur notre site.
À qui s’adresse votre structure ?
À tout le monde ! Le but est d’encourager l’intergénérationnel et la mixité sociale. Tout est fait pour que des personnes de différents milieux se croisent : une programmation variée, le mélange de personnes qui viennent pour le gîte et d’autres pour le café, des habitants, des artistes et des gens de passage.
Quel avenir pour votre tiers-lieu ?
Notre Tiers-lieu évolue en fonction des projets et des personnes qui s’y investissent. Le bâtiment lui-même est en rénovation constante, il se transforme et s’agrandit progressivement. Chaque pièce fait référence à un film, ce qui occasionne des jeux d’énigmes. Nous espérons continuer dans cette dynamique et proposer de nouveaux spectacles et activités : du cirque, des arts de rue, de la zététique, des ateliers cuisine… Continuer à œuvrer collectivement pour l’accès à la culture et le lien social.
Les six tiers-lieux du Roannais
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Maison Ume
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