Il aura fallu attendre 100 ans pour avoir une édition des jeux olympiques et paralympiques en France et enfin pouvoir supporter nos athlètes français comme il se doit ! Courant juillet, Paris 2024 nous aura fait vibrer avec nos sportifs roannais talentueux tels qu’Olivier Perreau avec sa médaille de bronze en équitation ainsi que Timothé Vergiat et sa médaille d’argent en Basket 3 x 3. Mais comme on dit, quand il n’y en a plus, il y en a encore ! Depuis le mercredi 28 août, les athlètes paralympiques feront leur entrée en compétition pour représenter la France. 

Roannais Tourisme : Est-ce que tu pourrais te présenter et nous parler de ta discipline ?

Axel Bourlon  : Je m’appelle Axel Bourlon, je pratique l’haltérophilie, plus précisément le mouvement du développé couché aux jeux paralympique soit le para développé couché. J’ai 33 ans et je pratique l’haltérophilie depuis maintenant 20 ans. J’ai découvert la discipline car j’ai voulu apprendre à nager, mais dû à ma morphologie, je n’étais pas assez musclé du haut du dos pour pouvoir soulever le poids de ma tête et sortir de l’eau. Lors d’un forum des associations, ma mère à rencontré le Club Handisport Roannais, où Martine Servajean (athlète roannaise en haltérophilie ayant participé aux jeux paralympiques de Sydney et d’Athènes) était présente. J’ai commencé les entraînements et au bout d’un an de pratique, j’ai fait ma première compétition où j’ai terminé vice-champion de France à l’âge de 14 ans. 

R.T : Pourrais-tu nous expliquer plus en détails ta discipline lors de compétitions ? 

A.B: Lors de compétitions, les catégories sont définies par poids de corps comme les sports de combat et non le type de handicap. On peut donc aussi bien concourir contre des athlètes en fauteuil, amputé ou mal-marchands. Nous faisons uniquement le développé couché. Nous avons 3 essais de base et un 4e en cas de tentative de record si on le souhaite. Voici les étapes :

  • Allongé sur un banc, nous décrochons la barre,
  • Ordre de l’arbitre qui dit « Start »,
  • Descendre la barre sur la poitrine, bref arret, et remonter en un seul mouvement et être stable en haut,
  • Arbitre dit « Rack » pour reposer la barre.

3 arbitres jugent, un derrière la tête et un sur chaque angle, qui regardent le mouvement. C‘est uniquement l’arbitre de derrière qui donne le « Start » et le « Rack ». Lorsque la barre est sur la poitrine, pour remonter soit on se donne le signal tout seul soit notre coach qui est près de nous, nous donne le signal de remonter. 

Portrait d'Axel Bourlon, lors de notre inteview à Roanne

R.T : Aurais-tu aimer faire un autre sport que l’haltérophilie ? 

A.B : Au départ, j’ai commencé par du baby-basket jusqu’au mini-poussins. J’arrêté dû à mon handicap. J’ai ensuite testé l’escrime et même fait du hip-hop pendant plusieurs années. C’est vraiment grâce à mon envie d’apprendre à nager que j’ai découvert l’haltérophilie. 

R.T : Te souviens-tu de la première fois que tu as soulevé une barre ? 

A.B : Je me souviens de mes premiers entraînements avec des barres qui faisaient 2.5, 5 ou 10 kg, tout dépend la maîtrise de la barre lors des entraînements. Effectivement, je m’en souviens très bien !

R.T : Au début, est ce que c’est facile de changer de poids rapidement ou est ce qu’à un moment donné tu stagnes ? 

A.B : Il y a toujours des axes de progression d’une année à une autre, tu peux arriver à gagner 20 kg sur la barre et maintenant c’est plutôt un kilo par ci par là. On met tout en œuvre pour essayer de performer et de soulever encore plus lourd pour viser des médailles et chercher des records. 

R.T : Résume-nous ton palmarès :

A.B : Voici mes différents titres :

  • Vice-champion paralympique sur les jeux 2021 à Tokyo,
  • Champion d’Europe,
  • Vainqueur de 2 coupes du monde,
  • Médaillé de bronze par équipe sur un championnat du monde,
  • 15 titres de champion de France et 3 records de France.
Salle d'entraînement d'Axel Bourlon à Roanne.

R.T : Quel est ton objectif pour les jeux paralympiques Paris 2024 ? 

A.B : Mon objectif sur les jeux, je le clame haut et fort : je veux gagner ! J’ai eu l’argent à Tokyo, je cherche à faire tout aussi bien. Là j’ai eu la qualification, donc on peut y aller plus sereinement et avoir un peu moins de pression sur les jeux et ainsi aller chercher la plus belle des performances. Après je suis conscient que le top 3 reste déjà difficile mais on ne sait jamais le jour J, je serai chez moi, que ce soit pour les autres compétiteurs ou même pour moi, tout se jouera à ce moment-là. 

R.T : Y’a-t-il un prix que tu aimerais gagner ou avoir une deuxième fois ?

A.B : Pour moi le prix ultime serait la médaille d’or sur les jeux paralympiques, tout athlète ayant gouté aux jeux paralympiques, cherche à avoir la meilleure des médailles. Après pour toutes disciplines, il faut toujours être le meilleur et avoir le plus gros titre, comme le foot est champion du monde, moi c’est l’or sur les jeux. Et c’est cet objectif que je veux atteindre !

Axel Bourlon pose dans sa salle d'entraînement

R.T : Pour toi, les jeux paralympiques ont donc plus de valeur qu’une coupe du monde ? 

A.B : Pour nous les athlètes, la coupe du monde c’est la plus petite des compétitions ! Dans l’ordre, c’est : coupe du monde, championnat d’Europe, championnat du monde et enfin les jeux olympiques. Il existe une différence entre coupe du monde et championnat du monde, c’est la fréquence. Coupes du monde il y en a plusieurs fois dans l’année, c’est un peu comme des manches.

RT : Quel est ton ressenti en tant qu’athlète de participer au JO de Paris 2024 ? 

A.B : Déjà y participer c’est quelque chose d’énorme, forcément c’est une fierté de faire les jeux à la maison car on est censé être dans les meilleurs conditions possibles puisque nous sommes chez nous. C’est également une facilité pour moi, toute mon équipe, mes proches et ma famille, c’est beaucoup plus simple de venir me voir en compétition. C’est vraiment une fierté, j’espère que ce sera une grosse fête et qu’il y aura de bons résultats. 

RT : Qu’est-ce que le sport t’a apporté dans ta vie ? 

A.B : Le sport, par rapport au handicap, m’a beaucoup apporté, notamment grâce à mes résultats. On parle plus de moi, les regards ont changés. Avant on me regardait plus par rapport à mon handicap comme tout être humain, mais maintenant je suis vu conne un athlète à part entière. Physiquement et morphologiquement, le sport m’a aussi beaucoup apporté, j’ai beaucoup changé, ça m’a apporté plus de confiance en moi, j’avance plus sereinement. 

R.T : Quelles sont tes motivations pour continuer ton sport ?

A.B : Ma motivation c’est surtout l’image que je donne. On peut être atteint d’un handicap et avoir envie de se dépasser. Si on est bien entouré on peut faire de belles choses. J’ai envie de prouver que même avec mon handicap, je ne me laisse pas abattre, j’ai envie de gagner, d’aller chercher tous les records et de montrer à ma famille et à mes proches que j’avance. 

R.T :  Est-ce que le handicap a été une force pour atteindre le classement mondiale ? 

A.B : Mon handicap est devenu une force, une force que je suis moi-même allé chercher avec mes entraînements. Le sport m’a mis en avant et montre que même avec le handicap rien n’est impossible. Mais je ne veux pas non plus me cacher derrière le handicap, si j’en suis là, c’est j’ai travaillé dur !

Mon objectif sur les jeux, je le clame haut et fort : je veux gagner !

Axel Bourlon

R.T : Décris-nous une journée type quand tu t’entraines ?

  • Premier entraînement à 10h pendant 1h30 sur le développé couché comme en compétition,
  • Retour à la maison : repas et repos,
  • 16h30 : 2e entraînement pour la séance de préparation physique,
  • Préparation plus spécifique axé sur la musculation, sur tous les muscles et CrossFit

Mes entraînements ont lieu du lundi au vendredi.

Portait d'Axel Bourlon à Roanne

R.T : Comment as-tu choisi ton entraineur ? 

A.B : Il y a 2 ans, j’ai voulu changer d’entraineur. Après avoir mis une photo sur les réseaux sociaux où j’ai été identifié, j’ai fait une intervention pour expliquer mon parcours à la salle par le biais d’un de mes proches qui connaissait Flavien (entraîneur actuel). Nous avons tout de suite accroché, et c’est pour cela que je lui ai proposé le projet de devenir mon coach.  

R.T : Est-ce que tu as un régime spécifique à suivre ?  

A.B : En dehors des périodes de compétition, je mange comme j’en ai envie, tout en faisant attention, mais sans me restreindre. Et quand j’approche d’une compétition, comme j’ai un poids de corps à respecter, je fais le nécessaire pour être en diète et perdre le poids nécessaire. En général, je suis toujours à 2 ou 3 kg au-dessus de ma catégorie (-54 kg) et je fais en sorte de perdre les derniers grammes dans les quelques heures avant la pesée. 

R.T : Qu’est ce que tu ressens quand tu es en compétition quand tu soulèves la barre ? 

Axel Bourlon : Quand je suis en compétition, je suis vraiment dans ma bulle. Sur place j’ai 2 coachs, un qui est derrière qui gère le côté stratégique avec l’analyse des concurrents et un coach qui est en permanence avec moi, qui vient sur le plateau pour me donner la barre. Mon coach Mehdi est toujours avec moi, il me parle car j’apprécie beaucoup, même si moi je ne parle pas beaucoup, j’aime qu’on me motive, qu’on me mette en confiance. C’est comme ça que j’arrive à me concentrer à ne penser à rien et être concentré sur la barre. J’entends juste le coach et le public. Ensuite, j’ai quelque secondes pour me concentrer sur ma respiration avant de soulever.  

portrait Axel Bourlon
Axel Bourlon © Roannais Tourisme

R.T : Quel sera ton programme après les jeux paralympiques ? 

Axel Bourlon : Déjà, je vais faire la fête ! Effectivement, les vacances cet été sont un peu interdites, car on est dans la dernière ligne droite. Mais après les jeux, il y aura le côté festif pour relâcher toute la pression qu’on a eu ces 3 dernières années. J’ai prévu aussi de partir en vacances avant de recommencer un nouveau cycle. 

R.T : Quand est-ce les compétitions reprennent ? 

Axel Bourlon : Je vais souffler juste après les jeux, et, dès la mi-octobre je reprends les entrainements pour les compétitions. C’est vrai que mon passage lors d’une compétition est très bref car je soulève une barre, mais en réalité il y a des années de travail derrière. Si tu t’arrêtes trop longtemps, tu peux vite perdre ta programmation et tes repères.  

Quand regarder Axel Bourlon pour les J.O Paralympiques ?

Rendez-vous devant votre télévision le mercredi 4 septembre entre 17h et 19h !

Suivez Axel Bourlon sur son compte Instagram.

Betty

Auteur

Betty

Fraîchement arrivée dans le roannais, j’ai à cœur de découvrir ce territoire qui regorge de surprises. Gourmande, curieuse et toujours à la recherche de sortie, je suis ravie de vous partager mes bons plans et mes expériences pour que votre moment en Roannais soit irrésistible !

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